Pasillo, chant et poésie



Le pasillo est un genre musical traditionnel profondément enraciné dans la culture de plusieurs pays d'Amérique latine, notamment la Colombie, l'Équateur, le Venezuela et une partie du Pérou. Il est considéré comme un trésor culturel immatériel, combinant à la fois la poésie et la musique.


Histoire et origines :

Le pasillo est né au XIXe siècle, bien que ses origines exactes soient quelque peu obscures et fassent l'objet de débats entre les experts. On estime généralement qu'il a évolué à partir de diverses influences musicales européennes, notamment la valse, la mazurka et le pasodoble, qui ont fusionné avec les rythmes et les traditions musicales locales.

Au début, le pasillo était connu sous le nom de "paso", et il s'est développé dans les régions andines, en particulier dans les zones rurales. Il était souvent joué lors de fêtes communautaires, de rassemblements sociaux et de célébrations familiales. Au fil du temps, il a gagné en popularité et s'est répandu dans les zones urbaines, devenant un symbole de l'identité culturelle de ces pays.


Caractéristiques musicales et poétiques :

Le pasillo se caractérise par sa structure musicale distinctive. Il est généralement composé en 3/4 ou 6/8, avec une mélodie émouvante et nostalgique. Les paroles du pasillo sont des poèmes lyriques, souvent romantiques, qui parlent d'amour, de nostalgie, de nature, de tristesse, de patriotisme ou de thèmes sociaux. Les poèmes sont soigneusement écrits, avec une grande importance accordée à la rime et à la métrique.

Un pasillo typique se compose de trois ou quatre strophes, chacune contenant quatre vers, suivies d'un refrain. Les paroles sont pleines d'images évocatrices et d'expressions poétiques, reflétant souvent les paysages andins, les émotions intenses et les expériences de la vie quotidienne. Par exemple, écoutez ces paroles d'un célèbre pasillo équatorien intitulé "Pasional" :

"Yo no sé por qué te quiero
Si al quererte sólo encuentro
Tristeza en el alma mía
Y un abismo de agonía
Que me hiere y que me mata"

(Je ne sais pas pourquoi je t'aime
Car en t'aimant, je ne trouve que
Tristesse dans mon âme
Et un abîme d'agonie
Qui me blesse et me tue)


Géographie et variations régionales :

Le pasillo a évolué différemment dans chaque pays et région où il est présent. Chaque endroit a son propre style distinctif, bien que partageant les mêmes racines musicales.

  • En Équateur, le pasillo est considéré comme le genre musical national. Il est très populaire et a été élevé au rang de symbole culturel. Le "Pasillo Ecuatoriano" est généralement plus lent et plus mélancolique, avec des thèmes romantiques et nostalgiques. Un exemple célèbre est "Alma en los Labios", composé par le légendaire compositeur équatorien Enrique Espín Yépez.

  • En Colombie, le pasillo est également très apprécié, en particulier dans les régions andines. Le "Pasillo Colombiano" a tendance à être plus rythmé et joyeux, avec des thèmes patriotiques et des célébrations de la vie rurale. "Colombia Tierra Querida", composé par Lucho Bermúdez, est un exemple emblématique de pasillo colombien.

  • Au Venezuela, le pasillo est connu sous le nom de "Pasillo Venezolano" ou "Pasillo Llanero", et il est étroitement lié à la culture des Llanos, les plaines qui s'étendent à travers le pays. Il a un rythme plus vif et est souvent accompagné de harpe et de maracas. "Moliendo Café" de Hugo Blanco est un pasillo vénézuélien célèbre.


Déroulement et participants :

Le pasillo est généralement interprété par un chanteur soliste accompagné d'un ensemble musical qui peut inclure des guitares, des bandolas, des violons, des flûtes et parfois des instruments à vent et des percussions. Les pasillos sont souvent joués lors de festivals culturels, de concerts, de fêtes traditionnelles et de rassemblements communautaires.

Les chanteurs de pasillo, connus sous le nom d'interprètes ou de "pasilleros", peuvent être des artistes solo ou des groupes. Ils sont souvent accompagnés de danseurs qui exécutent des chorégraphies élégantes et gracieuses, reflétant la mélodie et l'émotion de la musique.

Le pasillo est également un élément important de la radio et de la télévision traditionnelles dans ces pays, avec des programmes dédiés présentant de nouveaux talents et célébrant les classiques intemporels.

En conclusion, le pasillo est un patrimoine culturel vivant, qui continue d'évoluer tout en préservant ses racines traditionnelles. Il capture l'âme et l'identité des régions andines, transmettant des histoires et des émotions à travers la poésie et la musique. Reconnu et célébré par les communautés locales et les gouvernements, le pasillo reste un élément essentiel du paysage culturel de l'Amérique latine.